Il y a quelques années une collègue de travail noire m’a
demandé de lui passer ma pince à épiler mais j’ai refusé parce que c’est le
genre de choses que je n’aime pas prêter… à ma grande surprise on m’a rapporté quelques
temps plus tard que cette jeune fille s’est terriblement vexée et qu’elle a
raconté à tout le monde que je ne lui ai pas prêté le dit objet à cause de sa couleur de peau et que je suis raciste ! Quand j’ai reçu la nouvelle,
c’est moi qui me suis sentie choquée et offensée…c’était une atteinte à mon
intégrité, à l'amour que je porte pour l'humain et à l'amitié que je lui vouais. Une autre scène du même genre s’est reproduite beaucoup plus tard
avec une autre femme noire mais sincèrement, cette fois là, je n’ai même pas
pris le temps de m’expliquer ou de me justifier…si une personne noire projette
ses propres complexes sur tout le monde, elle a seulement besoin de travailler
sur elle-même et de se faire soigner. Le racisme existe bien chez nous mais les personnes noires complexées sont nombreuses
aussi, les milliards généré par l’industrie du blanchiment de peau en dit long.
Bien sur comme tous les tunisiens j’ai commis des maladresses,
parce qu’ici les canons de la beauté sont à la peau claire,( au Ma3sem bellar
et à wejh el gamra )… séquelles d’un complexe de colonisés vieux de plusieurs
siècles …bien sur qu’on a encore de très mauvais réflexes langagiers à la con mais
cela ne fait pas de nous une majorité de racistes ou de xénophobes …on doit juste épurer notre langage de ces
traces d’ignorance et de ces complexes de supériorité …
Quand je dis "kahlouch" ou "kahloucha", "yezzi bla wasfna" à une personne noire ou blanche d'ailleurs , je n'ai aucun jugement péjoratif , c'est juste le terme qu'on a toujours utilisé pour qualifier les personnes noires, un tempérament chaud; énergique et passionné...maintenant si l'on me dit que c'est vexant de désigner le garçon kahlouch pour l'indiquer à quelqu'un, je me demande, qu'est ce qui changerait si je disais le garçon "asmar" ou peut être serait-il plus approprié de dire le garçon "Akhal"?. Repenser ses mots c'est repenser la personne par le prisme de sa couleur comme étant une personne différente alors qu'à la base, la question de sa couleur ne se posait pas...(pour moi du moins) c'est comme si on me demandait: réajuste ton regard, cette personne est noire et elle est différente de toi, le terme kahlouch est réducteur pour la désigner de loin par exemple . Je ne plaisante pas avec mona, asma ou rim en l'appelant kahloucha par exemple, ces personnes ont des noms , mais je peux peut me permettre de lui dire affectueusement kahlouchti, 3asla...etc...
Je pense que la tolérance dépend du degré d'intimité qu'on a avec les personnes noires.
Quand j’ai appris la nouvelle du meurtre Falikou Coulibaly à
la Soukra; je me suis sincèrement posée la question sur le motif de
ce meurtre…je ne me suis pas focalisée ni sur l’origine de l’homme ni sur sa
couleur de peau, il se pourrait que le motif de ce meurtre n’aie aucun rapport
avec le racisme ou qu’il soit effectué par un autre homme noir …que ce soit un
braquage qui a mal tourné en ces temps de crise…
En Tunisie, j’ai entendu beaucoup d’histoires sur des
couples dits « mixtes », bien que chaque individu est aujourd’hui
incapable de vous révéler la composition de sa propre mixture et de la
diversité de ses origines (moi la première).La question est à mon avis beaucoup
plus explicite quand il s’agit d’amour et de vie commune ,ou même simplement de
rapports intimes … J’ai vu des personnes développer des fantasmes de sexuels pour
des personnes noires sans vouloir vivre avec, d’autres « gens » aimer et ne pas assumer ces relations vis-à-vis
de leurs familles, il y a aussi ceux qui assument, et enfin ceux qui aiment
sans jamais se poser la question…je crois que j'en fais partie...
Bien sur il y a les bêtes et les méchants mais ils sont minoritaires et les mentalités
sont en train de changer ! Je suis peut être déconnectée de la réalité
mais ce que je sais, c’est qu’une bonne partie des tunisiens sont loin de
ressembler aux scandinaves.
Enfin, je vis peut être au pays des bisounours …mais c’est mon humble
avis.
Au fond, aimer ou ne pas aimer être avec une personne de couleur différente de la sienne est une question de goûts et de couleurs …Montrer de l'aversion ou du dégoût, émettre des jugements génériques sur leur hygiène ou leur manière d'être en est un autre...
Une chose est sure, c’est qu’on doit apprendre à se
respecter et à s’écouter…et puis s'il y a des mots à éliminer...effaçons les en douceur, tempérons...
A red dress is a red dress , un braquage est un braquage ,
un acte raciste est un acte raciste , un acte homophobe est un acte
homophobe.Pourquoi j'ai l'impression que tout est confondu dans ce pays?
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